Genre et orga

Hello les jardinier.e.s

Je me pose des questions parfois ! Et celle là me taraude un peu depuis quelque temps. Le répartition homme / femme dans les groupes auquel je participe.

J’ai trois exemples qui sont assez éclairant pour moi.

  • Les membres de l’orga (Cercle Général) JdN
  • Les membres du cercle d’ancrage (CA) JdN
  • les membres du campus JdN

Membre de l’orga JdN :

  • Le 1er lien est et le second lien sont des hommes
  • Il y a 4 hommes pour 3 femmes
  • Il y a 25 rôles tenus par des hommes et 6 rôles tenus par des femmes
  • La rémunération quand il y en a une est pour des rôles tenus par des hommes

Membre du CA JdN :

  • Il y a que des hommes (avec 2 femmes mais inactives depuis des mois)

Membre du cercle campus JdN :

  • Le 1er lien est un homme
  • Il y a 4 hommes (+ 1 inactif) pour 7 femmes (+1 inactive)
  • Chacun.e à généralement 1 rôle sauf 3 hommes qui cumulent 2 rôles, et une femme qui est en soutien sur 3 rôles

Dans l’orga nous constatons que notre organisation se masculinise beaucoup depuis plus d’un an, mais que le cercle campus reste assez féminin. J’ai l’impression qu’on se pose des questions sur le pourquoi et les levier pour changer ça.

Mes reflexions sont les suivantes : Dans les cercles de pouvoir il y a plus d’hommes que de femmes, est ce que c’est lié au pouvoir, à la confiance en nous de vouloir et pouvoir peser sur une orga ? Dans le cercle éphémère comme le campus, ou l’investissement est à durée limité il y a plus de femme, est ce que c’est pour ça qu’on y retrouve plus de femme : parce que c’est une façon de contribuer de manière limité dans le temps ?

Autre hypothèse : le cap de l’orga JdN peut paraitre aussi flou, hors sol, alors qu’organiser un campus c’est tangible et on peut voir le résultat, est ce que ça peut expliquer cette différence de genre ?

Et vous c’est quoi vos reflexions à ce sujet ?

:pensive::triumph:

Au jardin des limaces, nous sommes 4, et il y a 3 femmes dont deux actives et un homme :wink:

Bonjour. Merci pour ce grain à moudre, Yohan.

Oui merci, inspirante et stimulante démarche, je mets la réflexion dans les turbines pour voir ….

Merci pour la réflexion.

Je trouve aussi intéressant de regarder l’évolution, car pendant longtemps l’orga interne des JdN était plutôt à grande majorité féminine : Après le départ de David Nadasi et avant l’arrivée de toi et de Adrien, j”étais le seul homme de l’orga interne, puis nouis avons été minoritaire pendant assez longtemps (3 hommes pour 5 femmes), avec une 1ère lien femme rémunérée.

je me demande si le phénomère n’est pas aussi quelque chose du genre “majoritaire” qui induit petit à petit une culture genrée qui attire ou repousse plus ou moin le genre minoritaire….jusqu’à bascule lors d’événement/départ de plusieurs personnes d’un coup….???

Salut Romain,

Je te rejoins un peu sur le sentiment d’isolement qui plaide pour l’importance de conserver une mixité équilibrée.

  • Il me semble que les temps informels ou les espaces impromptus peuvent donner lieu à des échanges “genrés” lorsqu’il existe une majorité marquée. Comme si faute d’idée prédéfinie , on réamorçait le dialogue par des “standards” de la conversation ou simplement on se détendait sur ces marronniers. Pour le coup, lorsqu’on fait partie de la minorité, il faut plus de temps pour accéder à la détente que procure ces inter-espaces, or ces inter-espaces sont le liant du groupe… ils font qu’on n’a pas l’impression de ne faire que “travailler”.

En tant que femme, il m’arrive aussi d’avoir l’impression de ne pas avoir totalement les codes pour participer à un échange qui prend de l’intensité entre des hommes. Il s’y joue parfois des joutes d’égo (même si le mot est un peu fort) dans laquelle on ne sait pas trop comment ou ne veut pas s’impliquer. Je peux imaginer facilement que la réciproque est vraie aussi.

-> sans doute existe-t-il un seuil critique qui va faire basculer le groupe dans une représentation, un temps au moins. Ou plus si on n’y prends pas soin.

Le milieu de la formation, qui représente 50% (je crois) de la communauté, est-il avec une tendance H/F particulière ?

Je m’interrogeai récemment sur le niveau du cursus scolaire des membres de l’orga, lors du dernier séminaire. Entre outils numérique et expression écrite… pour nous qui collaborons éloignés , ainsi que la GP qui passe par une capacité à s’exprimer à l’oral devant les autres, il se pourrait que la moyenne soit plutôt autours de diplômés du troisième cycle et à nouveau la mixité de ce milieu est-elle à l’équilibre ?

Après sur un groupe réduit (moins de 8 personnes) c’est plutôt facile de basculer d’un côté ou de l’autre… :smiley:

En tout cas, c’est super intéressant, d’essayer de s’observer en train de tourner dans notre bocal :smiley:

Merci Yo pour ce sujet, qui me touche particulièrement en ce moment.

Laurence

Ravie de lire vos contributions.

Je sens qu’à la suite de la lecture de vos réflexions, je me sens vivement encouragée à observer, au delà des comptabilités qui me semblent être loin de résumer l’entièreté de ce qui se joue en nous (en moi même et en relation au monde et ce que j’en perçois ou crois en percevoir ou en comprendre ou supposer) et dont j’ai envie de me méfier avec la plus grande application :smiley:, sentir et poser ici quelques fulgurances qui me seraient apparues ici et là :grinning: depuis que le monde est monde pour moi :grinning:

  1. Je me suis toujours sentie stupide, ahurie, hébétée (pardon les bêtes qui êtes loin d’être bêtes au sens humain :smiley:), décalée, avec l’envie de me retourner pour voir à qui d’autre que moi on pouvait s’adresser, dans l’incompréhension de ce que je pouvais entendre, me sentant toujours hors cadre. Fille, femme. Élément déterminant des caractéristiques et une identité de classe (culture des lumières visant à tout classifier pour tout connaître tôt ou tard par la mise sous classement ….et maîtriser ainsi le monde, le prédire….contre l’obscurantisme passé, avec pour finalité une idée de l’émancipation, par la culture, la connaissance, et…la technoloogiiie !, croyance des jours avec une idée du temps et du progrès singulière et étrange) dans laquelle être, voire avoir injonction de m’y fondre. Et que rien n’en dépasse ! Et moi, je me suis toujours sentie demeurée de ne rien comprendre à cette histoire là. Demeurée. ée. J’ai fini par l’intégrer cette règle. Et la faire respecter comme les grand mères font encore parfois respecter certaines règles criminelles pour en être, faire tenir la cohésion du groupe protecteur. Bref, ça fait mal ces classements. Surtout quand ils semblent agir pour sur déterminer nos sensations, nos pensées, nos actes et prendre d’assaut nos âmes.

  2. Je me suis aussi sentie interpellée de façon multiple sur la question, alors même que j’ai eu la surprise parfois de ne pas voir que j’étais seule représentante de ladite classe “féminine” dans une assemblée de représentants de la classe dite “masculine”. L’hyper prédétermination ne semblant pas forcément apparaître dans mon champ de conscience comme un élément intéressant ou utile à quoi que ce soit.

  3. Ce qui ne m’empêche pas de me retrouver “rattrapée” par les effets portés de ces classifications (et des enjeux de pouvoirs associés, entre autre),y compris de façon dramatiques ou très impactantes, et de trouver le plus grand intérêt à y mettre de la conscience, des partages et un soin tout particulier aux contributions qu’il m’est et qu’il nous est possible d’y porter.

    Donc, au bout du bout, je me dis en fait plus simplement être “vivante”, changeante, multiple.

    Passée par plein d’expériences de vie, en chemin, en tension, en états d’être….produit de mon époque et de tous les croisements et contextes de vie concrets.

    Et que cela suffit bien à mon identité.

    Si je collectionne ici quelques uns de ces croisements curieux, ça pourrait éclairer un peu le propos :grinning: parfois de façon amusante :

    garçon manqué, chiffonnière alcoolique (mdr tjrs vivante), souillon, pas capable, prise pour invalide, sommée d’être “plus” qu’un homme et une femme à la fois (tjrs pas devenue folle pour autant), sommée de suivre ceux qui savent et continuer à estimer ne pas savoir grand chose d’intéressant ou utile, sommée d’être émancipée et de rester toujours protégée, d’être en compet avec les représentants de la gent masculine et de l’aduler, de penser par moi même mais de n’en rien laisser paraître (bon un jour on prend un peu de distance avec la marmite, une époque, notre héritage ou le mien en tout cas)

    et encore, à entrainement et résultats égaux, traitements totalement inégaux et à compétences égales, responsabilités, valorisation, partage des compétences et rémunérations totalement ahurissantes. Le cerveau qui commence à fumer là, j’arrête. 8 mars ou pas.

    Dans les asso et collectifs, dirigeants, élus ou détenteurs de l’autorité, souvent hommes, pétris de belles valeurs de principe. Des femmes aussi qui ont le plus grand mal à ne pas reproduire les schémas de la domination ne serait ce que pour accéder à la responsabilité. Avoir du temps et de la disponibilité mentale, parler fort, être en avant sans peur, se montrer sûr de soi pour inspirer confiance, respect, diriger, prendre la responsabilité de la cohésion et et de la dynamique. Ce peut donc être des femmes, jeunes, sans enfants, valorisées et soutenues voire projetées dans ce rôle plébiscité au nom de l’égalité, voire instrumentalisées à l’occasion en surfant sur la vague des désirs de plus de soins à la vie en y faisant quelque entorse, ou des femmes sans enfants ou avec enfants envolés. J’ai pu aussi voir le principe érigé en drapeau plus important que la cause, des hommes donc, s’incliner et soutenir des formes de domination extrêmes émanant de représentantes de la gent des dites dominées. Ou trouver des formes de paternalisme bienveillant susceptible de faire penser à des formes de néocolonialisme troublantes, inattendues.

    Ou la très difficile et subtile partition pour tous, représentants de quelle classe que ce soit, de questionner notre rapport aux uns et aux autres avec un éclairage particulier sur ce que à quoi l’on tient ou accepte de notre héritage et ce qui ne nous convient pas ou plus, ce qui peut évoluer bénéfiquement pour l’un, l’autre ou chacun.

    Oeuvrer ensemble ici à éclairer cette question me semble être d’une richesse et d’une portée des plus précieuses. Pour moi et mes différents univers de vie.

:pray:

Merci @YohanReversat pour avoir si bien formulé ce que je ressens et là où j’en suis de mes réflexions sur le sujet… La construction fortement partriarcale, partenaliste de notre société dégueule de partout et n’épargne pas les JdN! Y mettre de la conscience et un regard éclairé est une super initiative! Et si possible, essayer de nous regarder sans complexe et sans culpabilité… que l’on puisse avancer avec toutes nos erreurs, nos essais, et nos imperfections :smiley: