Je me suis toujours sentie stupide, ahurie, hébétée (pardon les bêtes qui êtes loin d’être bêtes au sens humain
), décalée, avec l’envie de me retourner pour voir à qui d’autre que moi on pouvait s’adresser, dans l’incompréhension de ce que je pouvais entendre, me sentant toujours hors cadre. Fille, femme. Élément déterminant des caractéristiques et une identité de classe (culture des lumières visant à tout classifier pour tout connaître tôt ou tard par la mise sous classement ….et maîtriser ainsi le monde, le prédire….contre l’obscurantisme passé, avec pour finalité une idée de l’émancipation, par la culture, la connaissance, et…la technoloogiiie !, croyance des jours avec une idée du temps et du progrès singulière et étrange) dans laquelle être, voire avoir injonction de m’y fondre. Et que rien n’en dépasse ! Et moi, je me suis toujours sentie demeurée de ne rien comprendre à cette histoire là. Demeurée. ée. J’ai fini par l’intégrer cette règle. Et la faire respecter comme les grand mères font encore parfois respecter certaines règles criminelles pour en être, faire tenir la cohésion du groupe protecteur. Bref, ça fait mal ces classements. Surtout quand ils semblent agir pour sur déterminer nos sensations, nos pensées, nos actes et prendre d’assaut nos âmes.
Ce qui ne m’empêche pas de me retrouver “rattrapée” par les effets portés de ces classifications (et des enjeux de pouvoirs associés, entre autre),y compris de façon dramatiques ou très impactantes, et de trouver le plus grand intérêt à y mettre de la conscience, des partages et un soin tout particulier aux contributions qu’il m’est et qu’il nous est possible d’y porter.
Donc, au bout du bout, je me dis en fait plus simplement être “vivante”, changeante, multiple.
Passée par plein d’expériences de vie, en chemin, en tension, en états d’être….produit de mon époque et de tous les croisements et contextes de vie concrets.
Et que cela suffit bien à mon identité.
Si je collectionne ici quelques uns de ces croisements curieux, ça pourrait éclairer un peu le propos
parfois de façon amusante :
garçon manqué, chiffonnière alcoolique (mdr tjrs vivante), souillon, pas capable, prise pour invalide, sommée d’être “plus” qu’un homme et une femme à la fois (tjrs pas devenue folle pour autant), sommée de suivre ceux qui savent et continuer à estimer ne pas savoir grand chose d’intéressant ou utile, sommée d’être émancipée et de rester toujours protégée, d’être en compet avec les représentants de la gent masculine et de l’aduler, de penser par moi même mais de n’en rien laisser paraître (bon un jour on prend un peu de distance avec la marmite, une époque, notre héritage ou le mien en tout cas)
et encore, à entrainement et résultats égaux, traitements totalement inégaux et à compétences égales, responsabilités, valorisation, partage des compétences et rémunérations totalement ahurissantes. Le cerveau qui commence à fumer là, j’arrête. 8 mars ou pas.
Dans les asso et collectifs, dirigeants, élus ou détenteurs de l’autorité, souvent hommes, pétris de belles valeurs de principe. Des femmes aussi qui ont le plus grand mal à ne pas reproduire les schémas de la domination ne serait ce que pour accéder à la responsabilité. Avoir du temps et de la disponibilité mentale, parler fort, être en avant sans peur, se montrer sûr de soi pour inspirer confiance, respect, diriger, prendre la responsabilité de la cohésion et et de la dynamique. Ce peut donc être des femmes, jeunes, sans enfants, valorisées et soutenues voire projetées dans ce rôle plébiscité au nom de l’égalité, voire instrumentalisées à l’occasion en surfant sur la vague des désirs de plus de soins à la vie en y faisant quelque entorse, ou des femmes sans enfants ou avec enfants envolés. J’ai pu aussi voir le principe érigé en drapeau plus important que la cause, des hommes donc, s’incliner et soutenir des formes de domination extrêmes émanant de représentantes de la gent des dites dominées. Ou trouver des formes de paternalisme bienveillant susceptible de faire penser à des formes de néocolonialisme troublantes, inattendues.
Ou la très difficile et subtile partition pour tous, représentants de quelle classe que ce soit, de questionner notre rapport aux uns et aux autres avec un éclairage particulier sur ce que à quoi l’on tient ou accepte de notre héritage et ce qui ne nous convient pas ou plus, ce qui peut évoluer bénéfiquement pour l’un, l’autre ou chacun.
Oeuvrer ensemble ici à éclairer cette question me semble être d’une richesse et d’une portée des plus précieuses. Pour moi et mes différents univers de vie.