Gestion de groupes et régulation des égos mal placés

La question de la gestion des côtés négatifs de l’égo peut être un sujet central dans l’animation de groupes et la gestion d’un collectif (avoir raison à tous prix, besoin excessif de reconnaissance, sentiment de supériorité, envie de contrarier ou jeu de la victime….), en structure pyramidale standard comme en GP.

Quels sont les outils, supports, modes de fonctionnement que vous trouvez les plus adaptés pour les gérer et réguler ?

Dans l’instant ?

Dans la durée ?

Quelques pistes de mon vécu :

  • cadre de sécurité / accords de groupe
  • temps de centrage
  • paroles en tours
  • prévoir des espaces de régulation et de convivialité
  • prévoir un processus d’exclusion et oser le mettre en oeuvre
  • ultra-soigner le processus d’inclusion
  • une facilitation systématique
  • médiations
  • ne pas s’obliger à la relation
  • ralentir et oser la médiation en bocal (médiation de deux personnes avec le groupe en observation)
  • temps de célébrations et de gratitudes
  • des processus connus et vécus de transition ou d’écologie intérieur (comme par ex la CNV, …)
  • clarté et transparence des processus et modes de décision
  • Faire tourner les rôles avec des mandats limités
  • Préparer bien en amont les propositions et les “machouiller” avant de les proposer en DpC.

Liste certainement pas exhaustive. C’est comment pour toi @JulienBodin de lire cela ? J’imagine que tu pratiques tout ou partie de ces propositions ? En as-tu d’autres ?

Merci @RenaudAnzieu . 2 points qui m’interpellent particulièrement : prévoir un processus d’exclusion et oser le mettre en oeuvre & ne pas s’obliger à la relation.

Je ne les avais pas verbalisés aussi clairement et je trouve ça particulièrement juste, et certainement difficile parce que socialement difficilement acceptable dans les schémas traditionnels sociaux.

Je pratique une bonne partie de ces outils, oui. Je trouve que le résumé que m’en à fait Serge Teuer dernièrement est un bon résumé, même s’il n’est pas exhaustif : présence, empuissancement, inspiration, harmonisation qui doit être accompagné des outils adéquats évidemment.

Pour ce qui est de la gestion quand l’égo s’exprime, outre la CNV, la sortie en posture méta régulière en animation, la Gestalt, le triangle de Karpman que j’utilise en animation, le cadre clair sur la souveraineté individuelle (JE) , les exercices d’écoute pure et les recadrages plus directs sur l’objectif de la demande, de l’intervention, je suis parfois dans la nécessité de descendre parfois sur des “outils” parfois encore plus basiques (apprendre à dire “pardon, merci, je me suis trompé, t’as raison, je ne sais pas, j’ai besoin d’aide, bravo…”) ou le système de gong expliqué par Frédéric Laloux.

Et pour la régulation de groupe dans la durée, je trouve que tout ce qui peut être de l’ordre de la prise de décision par consentement, vote sans candidat, facilitation extérieure, le processus de médiation simple en 4 étapes, ateliers d’empuissancement, et ce que tu proposes (et listes, merci pour le rappel !) sont des supports importants.

Comme l’exprime @LaetitiaMeignan et d’où cette question au groupe, je réalise qu’il y a toujours des manières de contourner ces outils, les dévoyer et que cela reste des gardes fous qui ne suffisent pas toujours, et de la grande difficulté de gérer sur le moment un débordement.

Merci @JulienBodin pour la question, je rajouterais de se rappeler les accords de groupe à chaque nouvel-le arrivant-e, en renvoyant la question au groupe : de quoi nous rappelons-nous de nos accords de groupe? + facilitation graphique pour soutenir et laisser émerger du groupe ce dont il se rappelle. Idem pour la raison d’être, j’adore en tant que facilitatrice et partie prenante laisser la place au centre : “qui veut dire ce qu’iel se rappelle de la raison d’être de notre projet ?” + facilitation graphique pour soutenir et compléter soi-même si besoin mais le moins possible (même si il y a des désaccords, l’intention est de nous écouter avec nos mots, nos compréhensions, nos langages, de s’accueillir au centre, sans rebond). Qu’en penses-tu?

Merci @GaelleBetheuil . Je suis totalement d’accord sur le fait de bien rappeler les règles, cadre et accords de groupe à toute personne arrivant dans le groupe, le processus d’inclusion pêche souvent. Cela nécessite que les accords de groupes soient descendus clairement au niveau des comportements, de manière très pratique et ne restent pas qu’au niveau des valeurs ou intentions.

Pour la facilitation graphique, je suis plus sur la réserve. J’ai la sensation d’en voir beaucoup et que cela constitue peu souvent une base solide pour fixer le cadre. Je trouve que c’est souvent une belle illustration de ce qui a été décidé, comme une célébration, et très peu un référentiel qui structure. Simple impression, mauvaise utilisation dans les contextes que je connais ou pas, je ne sais pas trop.

Sujet sensible, périlleux et sans doute fondamental. Merci @JulienBodin de le poser là. La question demeure grande ouverte. Je constate qu’aucun format ni qu’aucune procédure ne garantit rien en la matière. Ainsi, c’est ailleurs qu’il faut chercher, non du côté de la raison mais de l’émotionnel, de la vibration, de l’énergie, des schémas, des dynamiques et des systèmes. Pour ma part, les outils qui me sont précieux sont ceux de la gestalt ( tu peux trouver plein de belles ressources sur le Site Internet du Grefor de Grenoble) et plus encore dans les pratiques étonnantes empreintes de chamanisme d’Eric Laudière, d’humanisme, de profondeur, d’intuition, d’humilité, d’engagement incroyable dans la recherche d’hypothèses et de mise en travail individuel et collectif.

Plus accessible, et potentiellement très puissant également, je pourrais dire comme le format du Cercle d’Empuissancement apparaît d’une puissance inimaginable, à priori, ou par expérience, en nous invitant à sortir du triangle de Karpman. Sauf que je constate avec curiosité et stupeur que là aussi, il est possible de faire presque de l’inverse avec le même format. Sidérée, perplexe.

Je regarde comment le système restauratif peut accompagner sur ce chemin, sans garantie, tout comme la CNV peut également se trouver être détournée de ses objectifs annoncés. C’est vertige, je te l’avoue. Et par suite, passionnant de complexité et de subtilité. Merci pour ta question.

Ma remarque sur l’énoncé de la problématique : les formulations telles que “la gestion des côtés négatifs de l’égo”, ou “la gestion d’un collectif” me semblent appeler un travail de réflexion partagée. Il y a sans doute ici des clés inattendues dans une reformulation de la question.

A ta disposition, avec le plus vif intérêt pour approfondir la question qui ne peut que me toucher, tant elle impacte tous nos efforts, vains sans passage par le travail de ces questions là.

Merci @LaetitiaMeignan , ma question était justement un préalable à un travail à enclencher, il y avait quelque part derrière cette intention. Je réalise que plus je creuse le sujet, plus je réalise qu’il est vaste complexe et que l’égo réussi toujours à émerger malgré les cadres et processus en cours, particulièrement quand on se retrouve avec des experts des processus qui ont besoin d’exprimer une partie de leur égo. Je vais lancer un travail collaboratif dessus à la rentrée.

Pour la Gestalt et le chamanisme, je ne peux qu’abonder. J’ai la sensation que ces pratiques permettent, par contre, seulement un travail personnel (en individuel ou collectif) déclenché par la personne qui a tendance à laisser trop de place à son égo, il y a donc une démarche à avoir et cela ne règle pas la question de gestion d’un égo débordant d’un tiers au sein d’un groupe.

Qu’en pense tu ?

@JulienBodin Je ne crois pas au dévoiement conscients des outils cités. Je crois qu’il peut m’arriver de les avoir compris et qu’il peut m’arriver que des besoins profonds non nourris en moi vont faire que je vais en avoir une interprétation, à un moment donné, qui ne soit pas en cohérence avec l’intention initial de l’outil.
Et là je dirai qu’il ne s’agit pas d’éviter ce problème. Je dirai qu’il s’agit de prendre le temps d’y rentrer. Ou d’accepter de ne pas y entrer si la relation ou le projet a peu d’enjeu.
Exemple : je me suis pas mal investi dans les JdN, en en même temps, l’enjeu est faible si je regarde objectivement le sujet. Et donc si je suis stimulé par une situation je peux soit en partir en me disant que ce n’est pas si important que cela. Soit je peux passer du temps et de l’énergie sur une situation, même avec enjeu faible, histoire d’en apprendre plus sur moi-même, ou soit je peux “entrer en guerre” (sans voir ma zone d’ombre) en cherchant absolument à avoir raison en me confrontant avec la personne qui ‘a stimulé (j’ai connu ces trois situations aux JdN :smiley: ).
Donc en final je dirai qu’il est indispensable de soigner l’inclusion. Accepter d’y passer du temps.
A chaque fois que j’ai été confronté à des situations délicates c’est quand l’inclusion a été mal soignée ou quand il n’y a pas de processus d’inclusion. Je ne peux pas être copain avec tout le monde :wink:
Et en fin du fin : l’exclusion.

Je ne crois pas que le dévoiement des outils soit forcément conscient et c’est toute la difficulté parfois en animation, facilitation ou même présence au sein d’un groupe. Je pense que la conscience est une étape qui est plutôt bénéfique et riche car elle permet de construire et faire évoluer.

La plus grande difficulté me semble être l’absence de conscience (de soi, des enjeux, des conséquences, des autres modes de fonctionnement…) et comment le gérer, faire progresser. L’absence de conscience chez ceux qui n’ont pas fait de travail sur eux, ou en groupe et également pour ceux qui ont déjà travaillé sur eux et ne voient pas forcément la zone d’ombre.

Les angles morts oui.

J y vois aussi je crois un changement de prisme important. Prima de la raison et la conscience nous vient des Lumières, qui nous ont conduit à faire abstraction de nos ressentis, nous privant chacun de nos bases, notre boussole intime, arme suprême du dominant……je vais t expliquer la vie et ce que tu ressens, je suis expert, écoute et suis.

Et tournez petits moulins !!!

Perplexe d avoir vu disparaître la réponse que je viens de faire….

@LaetitiaMeignan laquelle ? J’ai fait une fausse manip ?

@JulienBodinAucune idée de ce qui peut se passer. Je n’ ai pas connaissance que l.on puisse supprimer un message par inattention, ni même que quiconque puisse le faire. Perplexe.

Je vais réitérer et faire copie à l avenir.

Par contre j ai constaté que certains messages disparaissaient et réapparaissaient aussi parfois. Je ne sais comment c est possible.

@JulienBodin …et qu’il est à nouveau là….c’est l’essentiel, ce doit être le vent ou les satellites

@JulienBodin ce serait cool si tu te sentais à faire une synthèse de ta question et de ta compréhension des réponses, pour mettre dans les communs du wiki “Ressources pédagogiques” . Je peux me charger du transfert dans le wiki si cela te soutient. Bien à toi.

oui, c’est une bonne idée. Je vais attendre d’avoir plus de réponse et prendre le temps de faire cette synthèse.